Chers(ères) collègues,
Depuis plusieurs jours, je tente de trouver les mots justes pour exprimer le plus objectivement possible tout le travail accompli cette année par les membres du comité exécutif. Dans le contexte du conflit étudiant, toujours non résolu, il est bien difficile de prendre la distance nécessaire pour écrire un rapport en toute objectivité.
Militer au sein de l’exécutif cette année, et surtout cette session-ci, n’a pas été une mince affaire. Nous avons vécu des situations absolument impensables et inimaginables auparavant comme enseignants et comme représentants syndicaux : des défis de taille que nous avons tenté de mener à bien, et ce, avec les responsabilités qui nous incombent. La tâche a été très lourde et très stressante. Hebdomadairement, nous nous disions toujours que nous venions de vivre notre semaine la plus stressante… et voilà que la suivante était pire encore.
Pensons seulement aux évènements du 24 février, avec la police, matraques à la main devant nos étudiants. Pensons aux cinq injonctions et au retour en classe forcé par la cour et aux conséquences que cela a engendrées. Pensons à Maxence L. Valade, qui ne pourra jamais oublier son année 2012. Pensons à cette loi matraque qui ne résout en rien ce conflit et qui au contraire, ne fait que radicaliser nos étudiants, même les moins militants.
Nous terminons l’année, toutes et tous, avec le sentiment du devoir plus qu’accompli, mais avec au fond de nous, un profond sentiment d’impuissance face à cette crise sans précédent. Comment allons-nous sortir de cette crise collectivement ? Et localement, comment se fera le retour avec ou sans solution négociée ? Comment préparer les lendemains au sein de nos propres rangs ? Comment sauver les précaires d’une possible baisse de clientèle et aider les permanents avec la lourdeur de la tâche attendue ? Et nos étudiants, les rouges, les très rouges, les verts, les blancs, les noirs, comment allons-nous les retrouver ? Je vous lance ici quelques questions parmi celles que nous nous posons actuellement et pour lesquelles nous n’avons pas toutes les réponses encore.
Pour nous, la tâche est loin d’être terminée. Toute la question des coûts associés à la reprise des cours est loin d’être réglée. Nos représentants à la FNEEQ, dûment mandatés, ont commencé les négociations avec le Comité patronal de négociation des collèges (CPNC) sur le prolongement de la session d’hiver 2012 à l’automne 2012 et celles-ci se poursuivront durant l’été. Nous sommes convoqués à un regroupement cégep le vendredi 15 juin pour un rapport sur l’état des discussions. Mais force est de constater qu’avec la lenteur que ce gouvernement met à régler cette crise, toute la question de la rémunération des précaires et la reconnaissance de la lourdeur de la tâche pour les permanents ne se fera pas rapidement. Nous devons nous tenir disponibles d’ici le 30 juin pour une autre réunion extraordinaire du regroupement cégep. De plus, localement, nous devrons clarifier et solutionner plusieurs cas particuliers liés à cette reprise dans certains départements. D’ailleurs, nous aurons un Comité des relations du travail (CRT) cette semaine et il est fort à parier que nous aurons besoin d’une autre rencontre dans la semaine suivante.
Qu’avons-nous appris ?
Puisqu’il y a toujours deux côtés à une médaille, je tiens ici à souligner plusieurs aspects positifs que nous avons vécus à travers cette crise. Tout d’abord, votre présence massive aux assemblées générales nous a permis d’avoir de très beaux débats, toujours dans le respect et le souci du bien commun. À ce sujet, je désire souligner le travail exceptionnel de notre président d’assemblée, Ivan Bendwell, qui a guidé nos échanges. Cela nous a permis d’avoir un retour clair de votre part sur toutes les questions délicates soulevées, et de développer une solidarité sans précédent avec le mouvement étudiant au fil des semaines. Nous avons pu faire la connaissance de nouveaux membres qui se sont impliqués dans l’organisation des différentes actions. La vidéo « Vive nos profs ! » en est un bel exemple.
L’autre aspect positif fut sans contredit de découvrir de façon plus approfondie mes collègues de l’exécutif, Guillaume, Louise, Stéfanie et Yannick, en étant témoin de leurs réactions dans l’adversité. Je tiens ici à les remercier profondément, et du fond de mon cœur, car ils ont su faire preuve d’un grand professionnalisme et d’une grande humanité dans cette tourmente. Je suis comblée d’avoir pu vivre ce moment historique avec eux. Leur rigueur, leur détermination et leur grande générosité sont exemplaires.
Et les autres dossiers ?
Nos priorités de l’automne ont tourné autour de la nouvelle convention collective et de la gestion par les pairs. Une formation sur l’application des nouvelles dispositions de celle-ci a été organisée afin d’aider principalement les RCD à œuvrer dans un contexte modifié. Par la suite, nous avons planifié une journée d’étude sur la gestion par les pairs et le travail en département. Dans les suites de cette formation très appréciée, nous avons organisé deux ateliers à la demande de nos membres. Tout d’abord, un atelier sur la planification et l’animation des réunions a été donné par Suzanne Lemieux et Ivan Bendwell. Par la suite, une conférence de Pascale Rény sur la gestion des conflits dans une équipe de travail a été planifiée, mais n’a pu avoir lieu compte tenu des évènements. Celle-ci sera donnée l’an prochain. Nous tenons à remercier les professeurs qui donné de leur temps pour la préparation et l’animation de ces ateliers.
Cette année, le retour de Guillaume à l’exécutif, après son expérience au comité de négociation de la FNEEQ, nous a permis d’aller plus loin dans la compréhension de la convention collective et ce pour le bien de tous nos membres. Son expérience nouvellement acquise aura été utile dans le gain de plusieurs griefs déposés cette année. Il a aussi entrepris le délicat et difficile dossier des allocations, mais malheureusement, les évènements ne lui ont pas permis d’aller aussi loin qu’il le prévoyait.
Stéfanie et Louise ont tenu le fort de la Commission des études tout au long de l’année, et encore là, avec toute la rigueur qu’on leur reconnait. Elles ont initié des rencontres préalables aux réunions de la Commission des études, ce qui a permis un travail plus approfondi des dossiers pédagogiques. Cette initiative a été très appréciée des membres de la CE et sera poursuivie l’an prochain.
Stéfanie, gardienne de notre mémoire, a écrit, tout au long de l’année et particulièrement cette session-ci, tous les comptes rendus de nos réunions et dieu sait qu’il y en a eu beaucoup. Nous aurons donc des traces écrites de tous les évènements passés. Elle a aussi effectué un travail extraordinaire de liaison avec l’association étudiante au fil du conflit.
Yannick, toujours à l’affut des dernières technologies, a su mettre en valeur notre site Web et nous a grandement aidés dans la mise en place de plateformes de discussion en ligne. Cela a été très utile cette session-ci dans le contexte de la crise étudiante. De plus, il a mis en place le Comité des enseignants pour les ressources technologiques (CERT) et a piloté l’important dossier des assurances collectives.
Je tiens ici à remercier personnellement ma collègue et amie Louise, militante de longue date, qui a travaillé ardemment tout au long de cette année difficile. Son sens du punch dans l’écriture aura marqué les communications du syndicat et mobilisé nos membres à maintes reprises. Après mûre réflexion, elle nous annoncé qu’elle ne se représentera pas au comité exécutif l’an prochain. Je lui souhaite un bon congé, plus que mérité, et j’espère que nous pourrons travailler ensemble à nouveau.
Un merci particulier à Claude, notre secrétaire, toujours à l’affût de nos moindres besoins, pour son support incroyable durant cette année hors de l’ordinaire.
En terminant, je nous souhaite à tous un été ressourçant afin de vous retrouver avec une énergie renouvelée en août prochain et qui sait, avec une solution négociée !
Jo-Anne Fraser,
Présidente du syndicat des professeurs du Cégep de Saint-Laurent