Le 14 mai dernier, j’assistais à mon premier Congrès-CSN, qui se déroulait du 12 au 17 mai 2008. Comme la CSN représente plus de 300 000 travailleurs du Québec, je m’attendais à assister à un congrès d’une certaine ampleur. Arrivé sur les lieux, ce que j’ai vu était nettement plus imposant que tout ce que j’avais pu imaginer : plus de 3 000 personnes venues de partout au Québec, des écrans géants qui retransmettent simultanément les interventions des congressistes et l’inéluctable conviction que quiconque peut se lever, prendre la parole et changer la tournure des débats.
La préparation du congrès
Mon arrivée au troisième jour m’a privé des discours inauguraux et des explications sur les procédures, mais la documentation offerte était suffisante pour me permettre de comprendre le fonctionnement du congrès.
- Quelques mois avant le congrès, le comité exécutif consulte les organisations, les salariés, les comités confédéraux et les groupes de travail dans le but de rédiger des recommandations qui concrétisent les orientations de la CSN. C’est durant cette étape que les préoccupations des différentes fédérations sont traduites en recommandations.
- Ces recommandations sont ensuite soumises au comité précongrès, qui est composé d’au moins deux représentants des organisations affiliées (conseils centraux, fédérations) et de membres du comité exécutif de la CSN. Le comité précongrès étudie les recommandations, peut les modifier, les amender, en ajouter. Durant cette étape, toute organisation membre de la CSN peut leur transmettre de nouvelles propositions.
- Ensuite, le comité des propositions est formé pour préparer un document visant à accompagner le travail des congressistes. Ce document contient toutes les propositions qui seront soumises au Congrès, tous les attendus qui leur sont rattachés, et autant de textes permettant de comprendre le sens de chaque proposition.
Le déroulement
À la manière d’une simple assemblée syndicale, les différents points sont inscrits à l’ordre du jour et sont discutés un à un, en conformité avec les règles de procédures usuelles. Par exemple, les recommandations doivent être proposées et appuyées avant d’être discutées en séances plénières. Elles sont ensuite adoptées, amandées ou rejetées. Évidemment, à plus de 3 000 congressistes, les étapes sont plus longues. Un vote à main levée prend environ 30 minutes, un vote secret près de trois heures! Si la durée du congrès ne permet pas de couvrir la totalité des points à l’ordre du jour, les propositions restantes seront soumises au conseil confédéral.
Lorsqu’on assiste aux discussions du congrès, on perçoit rapidement que les membres partagent le même idéal de démocratie. Si les 9 fédérations qui la composent n’ont pas toujours les mêmes positions à l’égard des principaux enjeux, les discussions apportent une richesse et une perspective impressionnantes. Durant ce congrès, une question a lourdement divisé les membres à un tel point que c’est un scrutin secret qui a permis de trancher la question. À la suite de cet exercice ayant tant divisé les membres, tous les intervenants ont pris la parole pour se rallier à la position du congrès et réitérer leur adhésion aux valeurs démocratiques de la CSN.
On peut affirmer sans craindre de se tromper que les positions de la CSN représentent fidèlement la majorité de ses 300 000 membres. Avec sa légitimité, les prises de position politiques de la CSN contribuent très certainement à l’expression de la démocratie au Québec.
Guillaume Fournier